Chapitre 1 – BASES ACOUSTIQUES ET PHYSIOLOGIQUES

Le son se propage à 340 m par seconde dans l’air à 20°, donc très lentement par rapport à la lumière ( 300000 Km à la seconde )

Note

dans la majorité des films on ne tient pas compte de cette réalité ; l’éclair et le coup de tonnerre son simultanés, alors que l’approche de l’orage pourrait avoir un impact dramatique notoire : si l’orage est à 2km le son arrivera  6 sec après l’éclair, si l’orage est à 1km il arrivera à 3sec etc…

Plus les molécules sont rapprochées plus le son se propage vite. Dans le métal cela peut atteindre 5000m sec ; par le sol plusieurs milliers de m et dans l’eau de mer 600 à 1000m seconde selon la salinité etc

Note

si comme moi vous prenez plaisir à enregistrer une éruption volcanique vous entendrez le grondement de la montée de lave d’abord par le sol avant de l’entendre sortant par la bouche de feu et ces quelques secondes vous permettront de réfléchir à votre avenir !

Dans l’espace intersidéral il n’y a plus rien grâce à quoi le son pourrait se propager …. Donc pas de son.

Le taux d’humidité de l’air a aussi son importance sur la propagation du son. A l’époque des grands studios de post synchro aux USA …et aussi sur certaines scènes d’opéra, on humidifiait la scène avant la représentation ou la prestation. Mais tout se perd avec l’avancée des moyens technologiques.

L’oreille est un instrument de perception absolument époustouflant.

Au même titre que nos autres sens d’ailleurs !

Sa sensibilité n’est pas la même pour toutes les fréquences, et en particulier elle est plus sensible aux sons medium autour de 1000hz, sans doute en raison de sa fonction première de sensibilisation de l’homo sapiens aux dangers, bien avant le langage les appels d’alerte émis par les membres du clan se situant surtout dans les medium, l’émission de basses demandant une énergie beaucoup plus considérable.

Les courbes d’égale isosonie de Fletcher et Munson sont la référence en la matière depuis les années 30, c’est à dire depuis les débuts du cinéma sonore.Les études plus récentes ( en rouge sur le dessin ) ne font qu’accentuer encore les écarts de sensibilité de l’oreille expérimentées par Fletcher. !

On constate que ces courbes évoluent en fonction du niveau sonore émis. Ceci est d’une grande importance dans la manipulation technique de nos médias…

—-( A très bas niveau les fréquences basses ne sont perçues qu’avec une puissance très supérieure à ce que nécessitent les médiums. Ecoutez une rumeur ville à l’oreille. Enregistrez là et écoutez sur un haut-parleur à bas niveau, les basses disparaissent, ne reste qu’un médium étriqué ; remontez le niveau progressivement et les basses réapparaissent. Moralité si vous avez une belle ambiance, riche en basses mais qui sera utilisée à bas niveau au mixage, renforcez les basses. Mais cela vaut pour tout, les musiques etc )—

Les basses et les aigues sont (disons étaient..) les parents pauvres du son cinéma, souvent sources de problèmes ; pour les basses on vient d’en parler, pour ce qui est des aigues les problèmes sont plus triviaux et liés essentiellement à la qualité du son optique mono qui eut longtemps l’exclusivité de l’exploitation du son dans les salles de cinéma. Et puis il est plus facile d’enregistrer et de reproduire le medium avec les lourds systèmes électromécaniques qui équipaient les 1ers micros et haut-parleurs, incapables de se mouvoir aussi vite que demandent les fréquences aigues. Voir plus loin !

L’ECOUTE BINAURICULAIRE nous permet une perception spatiale, y compris en hauteur …et profondeur. Spectacle total que nos salles de cinéma …et notre home studio, sont encore loin d’avoir apprivoisé, même si plusieurs systèmes sont en train de voir le jour pour donner accès à un véritable cinéma en relief, pour le son et pour l’image.

Nous en parlerons plus en détail avec l’historique de l’évolution des techniques.

Mais l’écoute binauriculaire, dont les humains ne sont pas les seuls à bénéficier sur cette planète dieu merci, en collaboration avec le cerveau, nous permet de privilégier une source sonore, une voix, un appel, et d’atténuer en sa faveur les sons, nuisances diverses environnantes, de s’adapter au calme nocturne en remontant très sensiblement le niveau de perception, ou au contraire de se protéger des sons violents, tout comme l’œil a cette faculté d’adaptation  automatique de sa sensibilité de jour ou de nuit.

Pour cela ce qu’on appelle l’ECOUTE INTELLIGENTE, connectée par l’intermédiaire du cerveau à l’écoute binauriculaire, nous permet de nous focaliser dans une direction choisie pour mieux comprendre un texte, un dialogue, en atténuant les bruits, nuisances ou autres conversations provenant d’autres directions.

Note

Autant un film en son optique mono, jusque dans les années 70 ne permettait pas ce travail de l’oreille puisque tout le son arrivait sur la même piste au centre de l’écran de projection, autant les améliorations en cours, son stéréophonique et multicanal, redonnent ce choix de l’écoute sélective intelligente, judicieusement manipulée par le mixeur, de s’intéresser tout particulièrement aux dialogues par exemple, en général positionnés au centre de l’écran, tout en conservant la puissance dramatique des musiques et effets disposés harmonieusement le long de la palette stéréo. Ainsi en son optique mono jusqu’au début des années 1980 il était très difficile de superposer par exemple un dialogue à des sons violents comme un orage, des explosions, à moins de diminuer considérablement le niveau de ces effets, et de perdre leur intérêt dramatique

L’EFFET DE MASQUE (un son peut en cacher un autre…) est un phénomène un peu complémentaire de ce qui précède. Un handicap certain : une ouverture de porte intempestive suffira à rendre incompréhensible la voix qui lui est superposée malencontreusement, un dialogue sera couvert par un passage de véhicule, une sirène etc..

L’écoute intelligente ne suffira plus à arranger les bidons ! Un simple bruit de couteau / fourchette sur du texte met en lumière l’importance de la gestion des transitoires, d’autant que le cerveau a la fâcheuse réaction de privilégier la 1ère attaque qui lui parvient, et l’attaque transitoire du bruit de couteau sur l’assiette est redoutablement plus rapide et violente que la parole qui se trouve en dessous. C’est le syndrome du bruit de couvert, cher à Bailblé, et source de nombreuses migraines chez les ingénieurs du son de cinéma.

Mais l’effet de masque offre aussi des avantages : le dialogue des comédiens couvre lui même des sons indésirables, comme le bruit de la caméra, toutes sortes de sons off gênants et qui réapparaissent … dans les silences entre les phrases etc. Grâce à cet effet de masque il m’est arrivé de rendre utilisable une scène d’un film d’époque berges de Seine en plein Paris, la rumeur de circulation étant cachée par la scène elle même. Idem pour nombre d’intérieurs tournés en ville  et ou la circulation semble condamner toute velléité de son direct … !

La technologie utilisée au mixage permet de compléter et améliorer encore ce travail, nous en parlerons plus loin.